Critiquer la structure financière revient dans une
certaine mesure à critiquer ses trois composantes (FR, BFR et TN). Cependant,
avant d’en arriver là, nous pouvons commencer par porter notre critique sur le
caractère de postériori des informations sur base desquels sont déterminés les
indicateurs de la structure financière par rapport au caractère dynamique de
l’environnement politique, économico-social et technologique de l’entreprise.
En effet, l’entreprise évolue dans un environnement
incertain où la variation d’un seul indicateur macroéconomique par exemple,
peut changer toute la donne en rapport avec la politique de financement des
entreprises d’un certain secteur d’exploitation. Le fait que l’analyse de la
structure porte sur les informations du passé ne donne qu’une tendance par
rapport au futur. En plus de l’analyse de la structure financière, il est
conseillé de recourir à un certain nombre de matrices. C’est le cas de la
matrice Boston Consulting Group (BCG) ou la matrice attraits/atouts (McKinsey),
qui permettent de connaitre quel domaine d’activité stratégique il convient de
financer et de quelle manière le faire.
Les matrices de portefeuille de DAS (domaine d’activité
stratégique) permettent de représenter l’ensemble des DAS en fonction des
atouts de l’entreprise et des attraits de chaque segment stratégique. La
matrice du BCG est particulièrement appropriée à la recherche d’un équilibre
financier entre les excédents de trésorerie dégagés sur certains DAS et les
besoins de trésorerie générés par d’autres.[1]
La matrice BCG se présente comme suit :
Fig.5. Matrice BCG[2]
Dans ce modèle, chaque DAS est classé en fonction des
besoins ou des excédents de trésorerie qu’il génère. De la recherche de
l’équilibre financier découle des stratégies appropriées dans chaque cas.
De cette façon-là, au lieu de décider sur un mode de
financement sur base des indicateurs déterminés sur base des informations
générales de l’entreprise (surtout dans le cas d’une entreprise ayant plusieurs
activités), les matrices sont des outils plus efficaces que le FR ou le BFR en
ces sens qu’elle portent sur un aspect de l’ensemble de l’activité de
l’entreprise.
L’autre critique est que les indicateurs de la structure
sont à interpréter en fonction de la nature des activités de l’entreprise, son
secteur d’exploitation ou sa taille. Les entreprises de certains secteurs
(comme les entreprises de prestation des services) peuvent se contenter d’un
BFR négatif ; alors que les entreprises industrielles ont de grands
besoins de financement.
L’équilibre financier peut en lui-même être critiqué. En
effet, les chances de trouver une entreprise en équilibre financier sont
quasiment nulles. En réalité, si on a les deux égalités, l’équilibre n’est
qu’apparent. En effet, les actifs circulants, qui sont destinés à se
transformer à court terme en liquidités pour faire face à l’exigible à court
terme, présentent toujours certains risques quant à leur conversion en liquidités
: stocks dépréciés, créances totalement ou partiellement irrécouvrables, moins-values
sur placements de trésorerie, etc. Tandis que les dettes à court terme, elles,
sont exigibles de façon certaine. Il est par conséquent impératif pour
l’entreprise de posséder une marge de sécurité lui permettant de faire face aux
risques que présentent certains éléments des actifs circulants (le FR).
Le fonds de roulement net considéré comme tampon joue un
rôle primordial dans l’évaluation de la liquidité d’une entreprise. Cependant,
une telle conception est essentiellement statique alors que le problème de
liquidité d’une entreprise est dynamique : il existe un besoin permanent de
financer les stocks, les créances sur clients (pouvoir accorder du crédit) et
autres actifs circulants, tandis qu’une source permanente de financement doit
être obtenue via les dettes (successivement remboursées et renouvelées) envers
les fournisseurs et autres créanciers à court terme. La notion de fonds de
roulement net, comme mesure de liquidité, ne pourra être considérée isolément.
Elle sera toujours complétée par une analyse complète des flux financiers via
le tableau de financement.
Il est incontestable que les ratios sont d’une importance
capitale dans la gestion des trois composantes du BFR (stock, créance client et
crédit fournisseur) et dans le choix du mode de financement optimal ; cependant
l’utilisateur des ratios doit être conscient de leurs limitations. Le problème
majeur est qu’il n’existe absolument aucune norme à laquelle comparer les
ratios pour juger s’ils sont trop élevés ou trop bas. De plus, les ratios sont
obtenus à partir d’indicateurs comptables dont les modes de calcul sont souvent
discutables. En fin, il est difficile de trouver des entreprises de référence,
car les entreprises diffèrent entre elles même si elles sont dans le même
secteur. Les entreprises peuvent avoir par exemple des degrés de
diversification différents, ou un âge, une taille, différents, de même pour
leur niveau d’internationalisation, ou le type de méthode comptable qu’elles
utilisent (la manière de valoriser les stocks, d’amortir ou de provisionner les
actifs, peuvent être différent par exemple). En conclusion, l’analyse par les
ratios donne grossièrement les tendances, mais ne doit pas être utilisée pour
la prise des décisions précises.[3]
[1] Stéphane BALLAND et Anne-Marie BOUVIER, le management des entreprises en
24 fiches, DUNOD, Paris 2010, page
133
[2] David AUTISSIER, Faouzi BENSEBAA et Fabienne BOUDIER, l’atlas
du management, éditions d’organisations, Paris 2011
[3] ZviBodie et robert Merton, finance, éd
nouveaux horizons, 2è éd, page 105
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