lundi 15 août 2016

Critique de la strucutre financière, en rapport avec le choix d'une politique de financement optimale



Critiquer la structure financière revient dans une certaine mesure à critiquer ses trois composantes (FR, BFR et TN). Cependant, avant d’en arriver là, nous pouvons commencer par porter notre critique sur le caractère de postériori des informations sur base desquels sont déterminés les indicateurs de la structure financière par rapport au caractère dynamique de l’environnement politique, économico-social et technologique de l’entreprise.
En effet, l’entreprise évolue dans un environnement incertain où la variation d’un seul indicateur macroéconomique par exemple, peut changer toute la donne en rapport avec la politique de financement des entreprises d’un certain secteur d’exploitation. Le fait que l’analyse de la structure porte sur les informations du passé ne donne qu’une tendance par rapport au futur. En plus de l’analyse de la structure financière, il est conseillé de recourir à un certain nombre de matrices. C’est le cas de la matrice Boston Consulting Group (BCG) ou la matrice attraits/atouts (McKinsey), qui permettent de connaitre quel domaine d’activité stratégique il convient de financer et de quelle manière le faire.
Les matrices de portefeuille de DAS (domaine d’activité stratégique) permettent de représenter l’ensemble des DAS en fonction des atouts de l’entreprise et des attraits de chaque segment stratégique. La matrice du BCG est particulièrement appropriée à la recherche d’un équilibre financier entre les excédents de trésorerie dégagés sur certains DAS et les besoins de trésorerie générés par d’autres.[1]
La matrice BCG se présente comme suit :
Fig.5. Matrice BCG[2]
Dans ce modèle, chaque DAS est classé en fonction des besoins ou des excédents de trésorerie qu’il génère. De la recherche de l’équilibre financier découle des stratégies appropriées dans chaque cas.
De cette façon-là, au lieu de décider sur un mode de financement sur base des indicateurs déterminés sur base des informations générales de l’entreprise (surtout dans le cas d’une entreprise ayant plusieurs activités), les matrices sont des outils plus efficaces que le FR ou le BFR en ces sens qu’elle portent sur un aspect de l’ensemble de l’activité de l’entreprise.
L’autre critique est que les indicateurs de la structure sont à interpréter en fonction de la nature des activités de l’entreprise, son secteur d’exploitation ou sa taille. Les entreprises de certains secteurs (comme les entreprises de prestation des services) peuvent se contenter d’un BFR négatif ; alors que les entreprises industrielles ont de grands besoins de financement.
L’équilibre financier peut en lui-même être critiqué. En effet, les chances de trouver une entreprise en équilibre financier sont quasiment nulles. En réalité, si on a les deux égalités, l’équilibre n’est qu’apparent. En effet, les actifs circulants, qui sont destinés à se transformer à court terme en liquidités pour faire face à l’exigible à court terme, présentent toujours certains risques quant à leur conversion en liquidités : stocks dépréciés, créances totalement ou partiellement irrécouvrables, moins-values sur placements de trésorerie, etc. Tandis que les dettes à court terme, elles, sont exigibles de façon certaine. Il est par conséquent impératif pour l’entreprise de posséder une marge de sécurité lui permettant de faire face aux risques que présentent certains éléments des actifs circulants (le FR).
Le fonds de roulement net considéré comme tampon joue un rôle primordial dans l’évaluation de la liquidité d’une entreprise. Cependant, une telle conception est essentiellement statique alors que le problème de liquidité d’une entreprise est dynamique : il existe un besoin permanent de financer les stocks, les créances sur clients (pouvoir accorder du crédit) et autres actifs circulants, tandis qu’une source permanente de financement doit être obtenue via les dettes (successivement remboursées et renouvelées) envers les fournisseurs et autres créanciers à court terme. La notion de fonds de roulement net, comme mesure de liquidité, ne pourra être considérée isolément. Elle sera toujours complétée par une analyse complète des flux financiers via le tableau de financement.
Il est incontestable que les ratios sont d’une importance capitale dans la gestion des trois composantes du BFR (stock, créance client et crédit fournisseur) et dans le choix du mode de financement optimal ; cependant l’utilisateur des ratios doit être conscient de leurs limitations. Le problème majeur est qu’il n’existe absolument aucune norme à laquelle comparer les ratios pour juger s’ils sont trop élevés ou trop bas. De plus, les ratios sont obtenus à partir d’indicateurs comptables dont les modes de calcul sont souvent discutables. En fin, il est difficile de trouver des entreprises de référence, car les entreprises diffèrent entre elles même si elles sont dans le même secteur. Les entreprises peuvent avoir par exemple des degrés de diversification différents, ou un âge, une taille, différents, de même pour leur niveau d’internationalisation, ou le type de méthode comptable qu’elles utilisent (la manière de valoriser les stocks, d’amortir ou de provisionner les actifs, peuvent être différent par exemple). En conclusion, l’analyse par les ratios donne grossièrement les tendances, mais ne doit pas être utilisée pour la prise des décisions précises.[3]


[1] Stéphane BALLAND et Anne-Marie BOUVIER, le management des entreprises en 24 fiches,  DUNOD, Paris 2010, page 133
[2] David AUTISSIER, Faouzi BENSEBAA et Fabienne BOUDIER, l’atlas du management, éditions d’organisations, Paris 2011
[3] ZviBodie et robert Merton, finance, éd nouveaux horizons, 2è éd, page 105